Wednesday 14 May 2014

Enfants et jeunes adolescents, des prisonniers comme les autres

Les prisonniers Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont des profils très différents. Certains d'entre eux sont des enfants ou de jeunes adolescents.L'enlèvement d'enfants palestiniens par l'armée israélienne au beau milieu de la nuit est une situation que de nombreuses familles palestiniennes vivent dans les territoires occupés. Les soldats entrent dans les maisons, parfois sans mandat, et enlèvent les mineurs en leur bandant les yeux et liant leurs poignets. Cela se passe sans aucune explication de la part des soldats israéliens. Jusqu'à une durée légale de 18 jours, les mineurs et leurs familles peuvent ne pas être informés ni de la raison de leurs arrestations ni du lieu de détention. Ils n'ont plus qu'une chose à faire, attendre...et après?
Après ils peuvent être emmenés dans un centre d'interrogation sans aucun adulte pour les représenter, pas même un avocat. Les soldats israéliens utilisent fréquemment la violence physique ou mentale pour faire parler les mineurs, généralement pour qu'ils délivrent des informations concernant d'autres palestiniens. Après son arrestation, le mineur peut être directement envoyé en prison sans avoir été jugé. Il peut passer jusqu'à 180 jours en prison avant le jour de son procès. Les raisons les plus fréquentes à l'emprisonnement des mineurs sont la participation à une manifestation ou le jet de pierre (passible de 20 ans de prison par la loi militaire israélienne). 

Dans la ville d'Abu Dis, des dizaines de jeunes garçons, avec qui les volontaires de CADFA en Palestine travaillent dans les écoles, ont subi arrestation et emprisonnement par l'armée israélienne. Dernièrement, deux jeunes garçons Adam & Johar, pour qui nous avions déjà fait une campagne d'information en Angleterre, car ils avaient été blessés sans raison apparente par des soldats israéliens en revenant de leur entrainement de football, ont été arrêtés et emprisonnés après leur sortie de l'hôpital en Jordanie. Ils sont toujours en prison actuellement sans savoir pourquoi.  

L'arrestation et la détention de mineurs par l'armée israélienne est chose courante en Palestine. En janvier dernier, l'organisation israélienne B'Tselem, connu pour sa rigueur dans le recensement des prisonniers, comptait 183 mineurs détenus par l'armée israélienne. Encore une fois, ce chiffre ne reflète qu'une réalité tronquée car il ne permet pas de connaître réellement le nombre de mineurs ayant séjourné en prison chaque année. La détention des mineurs en Palestine est un véritable turn-over, ils restent généralement en prison pour quelques mois sans avoir été jugés. 

La réalisatrice Norvégienne Tone Andersen a tourné un documentaire sur les difficultés rencontrés par les mineurs Palestiniens après leur sortie de prison. Vous pouvez le visionner en cliquant sur le lien ci-dessous : 

http://www.aljazeera.com/programmes/witness/2013/01/20131810428343551.html


La campagne d'information et de demande de soutien par CADFA pour les prisonniers palestiniens

A l'occasion de la journée des prisonniers, le 17 avril de chaque année, CADFA a mené une campagne d'information et de soutien envers les prisonniers Palestiniens. Nous nous sommes mis en scène les mains et les poignets liés, près de la station de métro de Kentish Town, pour imiter la façon dont les soldats israéliens arrêtent les futurs prisonniers. Dans le même temps, on distribuait aux passants des prospectus d'information et leur demandait de signer notre pétition pour arrêter l'emprisonnement massif des Palestiniens, l'emprisonnement d'enfants, la procédure de détention administrative impliquant l'emprisonnement des personnes sans jugement, la maltraitance envers les prisonniers et lors des interrogatoires.




Prospectus fait par CADFA et distribué dans la rue ce jour là





Le jour des prisonniers

Manifestation dans la rue en Palestine en hommage aux prisonniers lors de la journée qui leur est dédiée, le 17 avril. 



Le 17 avril de chaque année est un jour spécial en Palestine. C'est un jour de solidarité pour les prisonniers palestiniens qui sont enfermés dans les prisons israéliennes à cause du conflit militaire qui oppose les deux pays. La question des prisonniers palestiniens est un élément fondamental du processus de paix entre les deux pays tout comme celle des réfugiés. Le nombre de prisonniers palestinien dans les prisons israéliennes est très élevé. D'après le centre israélien d'information pour le respect des droits humains dans les territoires occupés, 4881 hommes, femmes et enfants palestiniens étaient emprisonnés en janvier 2014. Mais ce chiffre ne reflète qu'une maigre partie de la réalité car il ne permet pas de connaître le nombre de palestiniens envoyés chaque année en moyenne dans les prisons israéliennes. Depuis 1967, quand Israël occupa la Cisjordanie, la bande de Gaza et l'est de Jérusalem après la guerre des 6 jours, 650 000 palestiniens ont été détenus dans les prisons israéliennes, ce qui représente environ 20% de la population des territoires occupés et 40% des hommes palestiniens dans ces territoires. Si l'on fait le calcul, cela fait en moyenne sur une période de 47 ans, 14 000 palestiniens détenus par Israël. Le nombre de prisonniers palestiniens varie considérablement selon le contexte politique. Pendant les deux intifadas, le nombre de prisonniers a par exemple considérablement augmenté.

Lors de mon travail avec CADFA, j'ai pu me rendre compte de l'importance du nombre de palestiniens ayant séjourné dans les geôles israéliennes. J'ai eu l'occasion de rencontrer de nombreux palestiniens dont au moins l'un des proches a été emprisonné mais aussi des hommes qui ont eux même passé des mois, des années, et même des dizaines d'années dans les prisons israéliennes. Le nombre élevé de prisonniers palestiniens a des conséquences dramatiques sur l'ensemble du peuple palestinien. 
Lors de la visite des femmes palestiniennes organisée par CADFA en février dernier, Rana, une jeune femme palestinienne, avait expliqué cette problématique aux personnes vivant en Angleterre. De nombreuses femmes et enfants sont privés de leur pères et maris, et de nombreuses familles se retrouve dans des conditions économiques difficiles car il n'y a plus que la mère pour assurer la subsistance de la famille alors que se sont généralement les hommes qui travaillent en Palestine.